Le territoire et le GPS

Il paraît loin le temps où pour trouver son chemin l’on devait tourner et retourner une carte difficile à plier, suivre un itinéraire griffonné sur un bout de papier ou encore demander sa route à un passant. Désormais, les applications de plans et de géolocalisation nous facilitent la vie en nous indiquant pas à pas notre itinéraire.

Mais les géographes ont montré que cette nouvelle façon de se repérer dans l’espace n’est pas sans conséquence sur la manière de parcourir le territoire et d’appréhender l’espace.

Ce lien entre le territoire, les habitants et les applications GPS a d’ailleurs été mis en lumière par Simon Weckert. Cet artiste berlinois est parvenu à tromper Google maps et donc à modifier l’itinéraire proposé par le GPS de la firme californienne. Par conséquent, c’est la pratique du territoire de nombreux Berlinois qui a été modifiée. Pour se faire, il s’est simplement promené dans les rues, tirant un chariot contenant 99 téléphones sur lesquelles l’application GPS de Google était activée. Détectant ce qui ressemblait à un bouchon, le GPS a donc orienté les utilisateurs vers d’autres rues, d’autres itinéraires… supposés moins embouteillés !

En effet, les mobilités sont guidées, les algorithmes décident pour nous de l’itinéraire à suivre, nous empêchant ainsi de nous égarer et donc de tomber par hasard sur tel magasin ou tel monument méconnu.

En choisissant les itinéraires, les applications d’assistance à la navigation déterminent de nouveaux centres et de nouvelles périphéries. Ainsi des routes secondaires deviennent des itinéraires très fréquentés car elles permettent d’éviter des bouchons ou de gagner quelques secondes. Au contraire des espaces pensés et aménagés comme des centralités peuvent être évités par les applications d’aide à la navigation.

Dès lors, cela oblige les collectivités locales à repenser les mobilités et les flux en prenant en compte ces applications. Cela peut être en repensant simplement la circulation dans une rue (ajout d’un dos d’âne, limitation de vitesses, nouvelles signalétiques, etc.) mais le problème est souvent plus global et demande donc d’être traité à l’échelle de la ville.

Les géographes ont alors un rôle essentiel à jouer. En se servant des données compilées par ces applications, ils peuvent aider à repenser l’aménagement des villes en déterminant les nouveaux centres et en redéfinissant les mobilités.