Aménagements et conflits : l’apport de la géographie

On parle aujourd’hui de plus en plus des zadistes dans les médias français. Ce sont ceux qui défendent un territoire face à un aménagement : un aéroport, un barrage, un parc d’attraction… Ces groupes structurés et organisés mènent la vie dure aux aménageurs, tant les entreprises qui dirigent les projets que les élus qui les convoitent ou encore les professionnels des différents secteurs économiques qui les espèrent.

Bien souvent, l’analyse de ces oppositions se résument à un schéma binaire entre ceux qui refusent contre ceux qui veulent. Selon les cas, on les transformera facilement, ils deviendront les partisans du progrès, les défenseurs de l’environnement, les opposants à la modernité, les destructeurs de la nature etc. Nous vous laissons choisir votre camp et la terminologie qui vous plaira le plus !

Ces présentations simplificatrices ne facilitent pas la sortie de crise et la plupart du temps renforcent les antagonismes et les incompréhensions. Alors passons ces conflits à la moulinette de l’histoire et de la géographie.

Placez-vous d’abord dans la peau de l’historien. Il prend du recul, scrute le passé et se rend compte que de telles oppositions ne sont pas nouvelles, que ces réseaux perdurent dans le temps, que les moyens d’action évoluent avec les technologies les plus récentes, mais que la maîtrise des outils médiatiques est souvent une constante. Nous vous proposons maintenant de prendre la posture du géographe. Il étudie l’espace concerné et les acteurs en place. Il démontre alors qu’il ne s’agit pas uniquement d’une opposition autour d’un aménagement, mais plus largement de deux conceptions de la modernité et du progrès.

On se retrouve alors avec un conflit plus profond entre ceux qui pensent que le développement économique est l’évolution vers laquelle la société doit logiquement aller et ceux qui au contraire estiment que l’on peut connaître d’autres modes de développement dans lesquels le paysage et l’espace doivent être respectés. Au centre de cette opposition se pose la question de la place du territoire, une ressource à exploiter ou un patrimoine à défendre ?

Mais la question est aussi politique, et interroge la manière de construire et penser les aménagements : quelle est la place donnée aux besoins des populations locales ? comment les citoyens peuvent-ils prendre part aux projets ? les aménagements doivent-ils toujours, nécessairement être réalisés ? Aujourd’hui, des méthodes de co-construction peuvent être proposées, et elles semblent être mieux accueillies que les projets venant d’en haut, et imposés localement. Les citoyens réclament de plus en plus un pouvoir politique à l’échelle locale.